Contes et métaphores 2

La légende du Chevalier bleu

L'histoire que je vais vous raconter s'est déroulée dans un monde
parallèle au notre... En vérité tout est arrivé là où les univers
se rencontrent, là où il n'y a plus d'espace temps...

C'est vrai que les gens ne croient pas toujours que les différents
mondes peuvent se mélanger, tout comme on peut mélanger le
chocolat et la tarte aux fraises, la guimauve et le sirop d'érable,
ou même la crème à la pistache et la confiture d'ananas...
Aussi vous comprendrez que même le grand duc suprême ne
pouvait pas croire à la rencontre entre la princesse Queira et le
Chevalier bleu...
Oh! rassurez vous, je ne vais pas vous raconter une histoire à l'eau
de rose comme il y en a tant... C'est plutôt une histoire de combat
et de victoire, une histoire qui raconte que tout est possible dans
le monde de l'impossible... C'est intéressant, n'est ce pas?

Tout avait commencé lorsque le plus jeune des trois fils du chef
de la tribu des pieds d'Ébène avait été blessé au combat... Or dans
la tribu des pieds d'Ébène, être blessé au combat signifiait que l'on
avait failli à sa mission et c'était être condamné à l'exil dans l'univers
sans ombre...
C'était exactement ce qui était arrivé au Chevalier bleu, qui avait dû
s'enfuir dans l'autre univers pour cacher ses cicatrices...
Il faut dire qu'à ce moment de l'histoire, le Chevalier bleu n'était pas
encore le Chevalier bleu. Il n'avait même pas un semblant de nom,
car dans la tribu des pieds d'Ébène, seuls ceux qui avaient gagné un 
combat avaient le droit de porter un nom bien à eux...

C'est ainsi que le Chevalier bleu, qui n'était pas encore le Chevalier
bleu, s'exila dans l'univers sans ombre, dans un château de verre
gardé par trois terribles Chimères... Et ses cicatrices lui faisait si mal,
face à la lumière si vive, qu'il ne pouvait quitter son armure de métal
qu'à la saison sombre, lorsque tous les habitants de l'univers sans
ombre s'enfermaient le jour comme la nuit...
C'est vrai qu'à ce point de l'histoire, vous pouvez vous demander qui
étaient ces habitants de l'univers sans ombre, qui s'enfermaient le jour
comme la nuit? Il faut dire que c'est justement là où j'allais en venir.

Les habitants de l'univers sans ombre avaient terriblement peur de
tout ce qui se cachait dans l'obscurité. Aussi, lorsque le moment de
la saison sombre arrivait, ils ne pouvaient faire autrement que de
s'enfermer chez eux en faisant brûler du bois chandelle, en attendant
la fin de la treizième lune...
Seule la princesse Queira, qui était la fille du sorcier de l'univers sans
ombre, n'avait pas peur du noir, car sa peau et ses cheveux étaient si
pâles et si délicats qu'elle devait toujours se protéger de la trop vive
clarté de ces contrées arides...Et elle cachait ses magnifiques yeux
clairs derrière d'épaisses lunettes d'étain qui absorbaient la lumière.

Une puissante magicienne lui avait prédit qu'elle rencontrerait un jour
un homme venu de l'autre univers... et depuis elle ne rêvait que de
caresses brûlantes et passionnées, sur sa peau si douloureuse, qui lui
faisait si mal...
Et c'est ainsi que la princesse Queira s'était mise en quête du Chevalier
bleu, qui n'était pas encore le Chevalier bleu, pendant que lui rêvait des
mots tendres qui le délivreraient de son armure de métal...
Hélas, hélas et mille fois hélas! La princesse Queira ne pouvait libérer
le Chevalier bleu qu'après avoir affronté les terribles Chimères qui 
gardaient le château de verre... Et ces trois Chimères ne pouvaient être 
vaincues qu'en pleine lumière...

La première des Chimères avait le visage du désir et de la passion, 
mais son corps était froid comme celui d'un serpent et elle pouvait 
vous broyer jusqu'à l'os, si elle sentait l'odeur de votre peur...
La seconde des Chimères vous scrutait tant et si bien de ses immenses 
yeux jaunes, que vous étiez obligés de prendre vos jambes à votre cou
sans pouvoir vous arrêter de fuir...
Quant à la troisième Chimère, elle vous attirait par son pelage doux et
soyeux, mais vous rendait si dépendant d'elle, que vous étiez condamné
à passer le reste de votre vie à compter tout ce que vous lui deviez...
Mais de nos jours les princesses sont très courageuses, n'est ce pas?

Et c'est ainsi que la princesse Queira  décide de demander conseil à 
son sorcier de père:
"Trouves la pierre bleue cachée tout au fond du lac d'argent et avant 
la fin de la treizième lune, passe la par trois fois devant les yeux de
celui que tu aimes et recueille les larmes qui s'écouleront de ses yeux...
Ensuite tu passeras ces larmes sur tout ton corps et vous pourrez tous 
deux affronter la lumière et les Chimères... Mais lorsque tout sera
comme tu le souhaites, tu rendras la pierre au lac d'argent auquel
elle appartient, car c'est de l'eau qu'elle tire son pouvoir".

Et c'est ainsi qu'avant la fin de la treizième lune, la princesse Queira
cogne à la porte de l'élu de son coeur et passe par trois fois la pierre
bleue devant ses yeux, qui se mettent à verser tant et tant de larmes
que la princesse peut s'en baigner le corps et les cheveux...
Et c'est alors que le miracle a lieu... car dans les contes de fée aussi
il y a des miracles, n'est ce pas?
Les larmes du Chevalier bleu agissent comme un baume sur la peau
meurtrie de la princesse Queira et le chevalier peut lui offrir les 
caresses brûlantes et passionnées dont elle rêvait depuis si longtemps.
Et à la fin de la treizième lune, le Chevalier a abandonné son armure
de métal et est prêt à affronter les terribles Chimères...
Il s'approche de la première Chimère et touche son corps froid et
rugueux couvert d'écailles qui éclatent en mille morceaux...
Il affronte le regard de la seconde Chimère, sans même cligner des yeux 
et c'est elle qui s'enfuit à toutes jambes...
Il refuse tout net de se frotter au poil doux et soyeux de la troisième
Chimère et à ses calculs mesquins... et il l'envoie promener d'un coup
de pied.

Et voilà! C'est ainsi qu'est née la légende du Chevalier bleu. Il part
main dans la main avec la princesse Queira vers un avenir meilleur et 
il réussit à se faire un nom bien à lui...
Bien sûr, il lui reste encore quelques cicatrices, mais les cicatrices
finissent toujours par disparaître, n'est ce pas?












1 commentaire:

  1. Bonsoir. J'aime beaucoup vos contes métaphoriques. Pourriez-vous suggérer une interprétation à visée de changement pour les personnes qui les écoutent ? Merci

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